Demi-tour
- EnRouesLibres
- 14 juil. 2018
- 4 min de lecture
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Jour 93 : Samedi 14 Juillet
Mardi, nous quittons Istanbul pour faire route vers Lyon, c'est le chemin du retour ! Mais la partie est loin d'être gagnée. En effet, n'ayant pu trouver un bus ou un train afin de sortir facilement de cette mégalopole, il nous faudra user de notre GPS et de notre flair pour éviter les voies rapides et les autoroutes. Nous parcourons presque 20 km avant de revoir enfin la nature. Tout semble rouler pour le mieux, nous voilà sauvés ! Mais la route en a décidé autrement : la simple voie se transforme soudainement en autoroute, bien sûr clairement interdite aux cyclistes... Comment faire ? Pour le marchand de pastèque, "otoban" c'est "no problem" ! Nous restons malgré tout sur nos gardes, nous avons déjà entendu ces mots quelque part... Alors que nous étudions la carte, une voiture nous propose de nous déposer sur une route nous étant autorisée. Nous acceptons : nous voilà embarqués sans vraiment savoir où nous arriverons, serrés à l'arrière du véhicule entre nos vélos. L'homme conduit en regardant alternativement son portable pour la navigation, Anthony pour lui parler et de temps en temps, la route... Il finit par nous parachuter beaucoup plus loin mais toujours sur une 2x3 voies...en nous assurant que ce n'est plus l'autoroute...

Pour la fuir au plus vite, nous passons derrière une barrière, traversons un pont à contre-sens et atterrissons enfin sur une voie assez tranquille ! Comme tout ne peut pas être parfait, nous revivons les montagnes russes, semblables à notre arrivée en Turquie : pas facile d'y trouver son rythme !

Ici et là, de gros chantiers, de grandes routes sont en construction : c'est le défilé des camions.

Nous faisons le plein de vivres dans une petite ville où un habitant nous fait la causette. Il nous fait signe d'attendre et sort d'une supérette deux glaces à la main ! Merci pour le goûter ! Nous repartons sur un petit chemin puis nous campons dans les champs, vue sur les collines et éoliennes de Çatalca.

Mercredi matin, nous reprenons les petits chemins de terre et de cailloux, pour le plus grand bonheur de Coralie. Nous prenons un malin plaisir à traverser avec facilité une autoroute en construction puis nous décidons de suivre un plus grand axe, un peu plus passant, mais plus direct. Nous faisons halte dans un petit village à l'écart de la route où nous nous restaurons dans une lokantasi (pour changer), pour le prix imbattable de 21 TL (environ 4€ à deux). Un routier nous offrira même le café ! Il est l'heure de repartir en direction de Saray. En suivant la route toujours très vallonnée, nous dépassons la ville afin de trouver un lieu de bivouac.

Le lendemain, jeudi, la même histoire reprend, autour de paysages très agricoles. Lors de la pause midi à Pinarhisar, par faim ou gourmandise, nous commandons bien trop de plats !

Bien repus, nous filons vers Kirklareli, assommés par la chaleur du soleil, l'effort des montées et le bruit incessant du trafic routier. Nous prenons une chambre pour la nuit afin de récupérer. Nous nous offrons une petite promenade, après la sieste de fin d'après-midi, dans les rues de cette ville agréable.

Vendredi, déjà lassés de la circulation, nous choisissons de pédaler sur de plus petits chemins. Le paysage est changeant, les collines laissent place à de plus gros dénivelés : la montagne est belle, et bien de retour ! Nous nous arrêtons dans un petit village où notre calme pause déjeuner devient le café du coin. De 2, nous passons à 3, puis 4, puis 6 !

Nous faisons ainsi la rencontre d'un photographe naturaliste passionné par les oiseaux, Mehmet, et de la tante Fatma du village. Mehmet nous propose ensuite de nous aider à monter jusqu'à la route principale. Nous nous retrouvons, nous et nos deux montures, attachés par une corde à son 4x4 ! L'ascension peut commencer, il faut bien gérer le chemin de terre et de sable en s'assurant de ne pas trop s'approcher du voisin, tout en laissant la corde ni trop tendue ni trop lâche dans les descentes : un vrai travail de pro ! C'est un quasi-sans faute après 15 minutes de tire-vélo. Mais Coralie s'emmêle dans la corde et finit dans la poussière, sans aucune égratignure... La douche de ce matin est à refaire ! Nous remercions notre remorqueur, pour nous avoir fait gagner du temps et économiser nos muscles puis nous continuons en direction de la frontière bulgare.

Nous essayons de dépenser nos dernières Liras turques dans la petite ville de Dereköy en se sacrifiant pour quels biscuits que ce soit. À la sortie du village, Anthony salue avec plaisir des compatriotes en camping-car. Nous finissons par discuter avec les voyageurs qui nous proposent de camper ensemble non loin de là. Proposition acceptée : nous n'atteindrons pas la Bulgarie aujourd'hui, tant pis ! Nous passons ainsi une agréable soirée aux côtés de Flora, Laurent, ainsi que de leur bébé Suzanne, partis à l'aventure un peu comme nous mais avec les vélos accrochés derrière le van !

La soirée commence par un pique-nique turc agrémenté de poisson fraîchement pêché, boulettes de viande et de l'incontournable raki, celui-ci proche de notre pastis, et se termine par des jeux de société nous rappelant de doux souvenirs et, peut-être, que nous sommes bel et bien sur le chemin du retour !

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