"Bien" venue en Bulgarie !

StartFragment Jour 95 : Lundi 16 Juillet

Nous voilà prêts pour un nouveau pays après une chouette dernière soirée en Turquie. Avant de partir, Flora, Laurent, Suzanne et nous-mêmes nous donnons rendez-vous sur la côte bulgare le soir suivant, un certain 15 juillet, jour de la finale de la coupe du monde de football.

Mais à vélo, il est difficile de prévoir l'imprévisible... Anthony effectue une entrée fracassante en Bulgarie, ou plutôt juste avant : un rayon casse dans la montée et interrompt notre élan vers la frontière ... Pas de chance. Serait-ce un coup monté des turcs rencontrés la veille, ayant fortement insisté pour nous inviter chez eux ? Notre éternelle réparation à la ficelle ne remplit pas sa mission, pour cette fois. Lors de la mise sous tension, elle casse... Les nouvelles tentatives n'y font rien. Nous allons devoir trouver un réparateur d'urgence.

Nous passons à pied les postes de garde sans manquer le bain désinfectant payant et obligatoire. Pour les vélos, c'est cadeau et ça tombe bien, car nous n'avions plus un sou ! Nous rejoignons péniblement la prochaine ville avec une roue bien voilée, mais heureusement la route, en pente descendante, nous facilite la tâche ! En chemin, pressés de savoir où nous pourrons trouver un magasin de vélo, nous accostons un jeune cycliste. Mauvaise nouvelle : l'atelier le plus proche se trouve à 60 bons kilomètres. Mais son grand père pourra peut-être nous aider. Dès notre arrivée, l'homme nous reçoit, quelques outils en poche. Mais grand père, n'aurais-tu pas oublié le démonte-cassette indispensable pour bloquer la roue libre ? Malheureusement, le jeune parti, nous n'avons pas de traducteur. Le bricoleur du dimanche (ou plutôt du samedi) s'entête alors à vouloir démonter la roue sans outil approprié, malgré nos nombreuses prières d'arrêter. Autant prendre une machette et un couteau ! Inévitablement, la situation s'empire : des billes s'échappent un peu partout. Il faut avoir l'oeil avisé pour ne pas en perdre. Rien n'arrête Monsieur qui continue encore et toujours à mettre notre bon vieux vélo en kit. Maintenant, il serait temps de tout remonter, non ? Mais c'est toujours plus compliqué dans ce sens-là. Peut-être aurions-nous dû investir sur des vélos Ikéa pour au moins espérer avoir une notice... Nous voyant catastrophés, un brave homme nous propose de nous amener jusqu'à Burgas, chez un réparateur, un vrai. Quelle gentillesse ! Pour...50€ ? Rien que ça ? Non merci ! Au beau milieu de cette situation allant de pire en pire, en un coup de baguette magique, tout le monde disparaît, nous laissant nous, nos mains noires, nos vélos et une roue entre les pieds. Alors nous remontons, sans bille et sans notice. Impossible de continuer en pédalant. C'en est trop, Coralie est au bout du rouleau ! Anthony ne voit qu'une solution : marcher en tentant l'auto-stop !

Commence alors la très longue route, trop peu passante... Nous effectuons près de 10 km à pied en réalisant l'exploit technique de pousser le vélo à une main, chasser les moucherons pot-de-colle de l'autre, le tout en gardant le pouce tendu vers le haut, les yeux ouverts sur chaque voiture : certaines bien trop petites pour nous prendre, d'autres gros 4x4 et monospaces bien vides mais totalement ignorants. Quand le miracle survient : une femme au volant d'une Jeep s'arrête...suivie, quelques minutes plus tard, d'un autre 4x4 conduit par ses amis. Que rêver de mieux ? En voiture, les vélos ! Un dans le coffre et l'autre sur le toit ! Nous partons vers Burgas.

Même si nous sommes parvenus à avancer notre arrivée de quelques heures voire quelques jours, il nous paraît impossible de trouver un magasin de vélo encore ouvert en ce samedi soir. Mais, impossible n'est pas bulgare ! Dans la voiture, nos secouristes se démènent à appeler tous les magasins de la ville. Un éventuel contact se profile près du lac de Burgas. Devant la porte, personne... Les bulgares, coriaces, sonnent, toquent, et interpellent les passants de sorte à collecter le maximum d'informations sur cet homme-mystère. Finalement, le voilà : homme, la 60aine, le ventre à l'air... Ne serait-ce pas le profil d'un grand père comme rencontré dans le village précédent ? Nous lui laissons sans trop d'espoir le vélo d'Anthony et nous allons dormir chez Krasimira, en attendant de récupérer le cycle, le lendemain.

Dimanche matin, nous attendons avec impatience l'appel du réparateur. Ange ou démon ? Nous allons bientôt savoir qui est-il vraiment. Vers 12h, c'est le signal ! Nous découvrons alors un superbe atelier impeccablement rangé et rempli d'outils. Notre confiance est accordée et confirmée par le travail réalisé : rayon réparé, système du blocage de roue changé et consolidé, vis du porte-bagages arrière (précédemment cassées) extirpées et remplacées. Cet homme, ex-champion cycliste, est un génie ! Nous prenons note de son conseil de changer la transmission du vélo au plus vite, au vu de son usure. Rassurés, nous sommes sur pieds ou plutôt sur roues pour repartir.

Mais avant, nous acceptons volontiers l'invitation de Krasimira et ses amis à passer l'après-midi ensemble. La montagne de problèmes passée, nous allons maintenant en escalader une bien réelle ! Nous embarquons alors une nouvelle fois dans la voiture anglaise de Krasimira jusqu'à Chudnite Skali. C'est parti pour l'ascension, chacun son tour, bien tenus par le harnais. Plus Coralie observe les grimpeurs, plus l'appréhension monte. Mais une fois sur les rochers, l'envie d'atteindre le sommet prend le dessus.

​Malheureusement, le cyclisme n'a renforcé ni ses muscles des bras ni ceux des doigts. Elle devra donc se contenter des rochers assez bas. Cette agréable journée se termine en compagnie de Krasimira autour d'un dîner qui nous donnera bien trop de raisons de trinquer : le vélo réparé, la France championne de football, la première escalade de Coralie ou notre rencontre inespérée ? En un seul mot : tchin !

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#bulgarie #mernoire