L'eau qui nous est chère
- EnRouesLibres
- 25 juil. 2018
- 5 min de lecture
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Jour 105 : Jeudi 26 Juillet
C'est dimanche que nous entrons en Roumanie. Comme toujours, le passage de la frontière est long. Nous en profitons pour doubler quelques voitures (à notre tour pour une fois !) et pour discuter avec un motard roumain qui se propose de commencer notre dictionnaire de poche. Même pas entrés que nous savons déjà dire "bonjour, eau, tente merci", nous avons le nécessaire ! En traversant quelques petites stations balnéaires comme Vama Veche, nous continuons la route vers Mangalia. Là-bas, nous faisons le plein de provisions chez l'enseigne Carrefour. Quel dépaysement ! Lassés du trafic routier que nous subissons depuis déjà plusieurs jours, nous nous décidons à reprendre le suivi de notre tracé : 10 km en plus pour demain mais quoi de mieux pour découvrir le pays ! Nous nous dirigeons donc vers la sortie de la ville. Au fil des coups de pédale, le paysage urbain se transforme en petites maisons résidentielles pour finir en cabanes faites de bric et de broc. Nous laissons les voitures et calèches circuler pour nous engouffrer sur un chemin de terre, coupant à travers champs. Voilà que nous avons mis la main sur la décharge de la ville ! Nous roulons entre chaussettes et canettes abandonnées, en priant de ne pas mettre le pneu sur un des innombrables morceaux de verre dont le chemin est parsemé. Quelques kilomètres plus loin, nous trouvons enfin des parcelles non cultivées pour nous installer. Les nuages noirs nous laissent tout juste le temps de manger et de nous préparer pour la nuit avant de laisser place à l'orage. Une pluie déferle sur notre tente, menaçant d'être inondée. Le vent souffle si fort que nous espérons ne pas voir notre chambre s'envoler. Espérer ne faisant rien avancer, Anthony prend sa pelle à deux mains et part affronter le mauvais temps. Pendant que Coralie éponge à l'intérieur, lui, creuse des tranchées : notre tente devient fortifiée. Il renforce les murailles par des sardines supplémentaires et retourne se coucher, bien trempé !

La nuit passée, nous sommes maintenant lundi. Nos pieds sont encore secs : ça a marché ! Voilà le soleil qui pointe le bout de son nez. La tente séchée, les affaires pliées et bien rangées, il est temps de repartir...mais dans quelle direction ? Pour un mètre parcouru, c'est 2 kilos de boue entre les roues. Nous préférons rebrousser chemin vers la ville pour rejoindre la route, malgré les voitures. Nous avons donc à effectuer 4 km en sens inverse, distance paraissant si courte et pourtant si longue empêtrés dans ce fichu bourbier. Pousser le vélo, s'arrêter, nettoyer les garde-boue (portant trop bien leur nom) et continuer : ce refrain nous rappelle étrangement une étape en France...

Sur la paille, c'est un peu mieux mais trop bref : les flaques de boue nous ramènent bien vite à elles. Déjà 11 heures et nous avons à peine avancé de 2 km ! Quand la charrue est arrivée : un roumain, tenant les rênes de son cheval, nous croise en un coup de vent. Sa vitesse nous fait rêver. Le voilà qui fait demi-tour : un vélo tout boueux dans sa charrette, ah lui aussi !... Il nous propose de remorquer nos vélos au côté du sien. Allez les vélos, dans la charrue...et Coralie aussi !

Anthony devra se contenter de suivre à côté. Arrivés sur le bitume, les vélos couinent : ils réclament leur bain ! Ni une, ni deux, nous partons à la recherche d'une station de lavage. La première trouvée refuse tout simplement de laver nos véhicules : ici, c'est pour les voitures, pas pour les vélos ! Malgré nos diverses demandes, notre négociation tombe à sec ! Nous aurons plus de "chance" avec la deuxième qui métamorphose nos vélos en voitures... La note (et non l'eau) est bien salée : 40 lei (8.60 €) pour 2 coups de karcher, sans savon ni séchage ! Le patron ne veut rien entendre de nos réclamations : promis, la prochaine fois, nous aurons un prix !...
La journée est déjà bien avancée. Nous quittons la ville en direction de Constanta qu'en début d'après-midi. Comme prévu, la route est très passante et sans grand intérêt. Même les gourmandises prises en chemin pour nous donner du courage manquent de saveur. À peine arrivés en ville, nous nous rendons à la gare. Nous réservons sans grande facilité des billets pour le lendemain. Il faut savoir qu'en Roumanie, seuls quelques trains sont équipés de wagons-vélos, réduisant drastiquement les possibilités. Le nôtre arrivera à 22h45 à Bucarest. Le soir, nous profitons du centre ville où nous goûtons à des plats traditionnels comme le "sarmale", plat de riz et viande hachée enroulés dans des feuilles de vigne.

Le lendemain, mardi, nous avons la journée devant nous pour s'affairer à la visite de la ville. Étrangement, la principale attraction touristique et emblème de la cité, son Casino, est laissé à l'abandon. De même, quelques autres bâtisses sont délaissées au cœur de la ville. Nous nous rassasions de délicieuses pizzas, bien meilleures que nos verres d'eau, pourtant aussi chers.
La journée s'avèrera amplement suffisante pour faire le tour de la ville mais nous devons attendre notre train pour la quitter.
Tchou tchou, ça y est, c'est l'heure ! Difficile de trouver les contrôleurs à l'avant ou à l'arrière du train, personne ne semble savoir où se trouve le fameux wagon-vélos. Nos billets sont pourtant formels : la bicyclette doit pouvoir entrer. C'est un voyageur roumain qui nous montre une place possible à l'étage pour y caler les vélos, comme nous le pouvons. Nous passons ainsi le trajet, toujours un œil sur nos compagnons de fortune.
Arrivés à la capitale, nous filons vers l'appartement réservé quelques heures auparavant. Après la séance de montée des vélos dans les escaliers, nous découvrons notre logement nous offrant le luxe de deux salles de bain. Utile ? Pas sûr. Mais spacieux !
C'est mercredi que nous prenons le temps de nous promener dans la ville de Bucarest. Pour la rejoindre, pas de vélo, c'est notre jour de pause. Mais le métro n'est pas à deux pas. Alors descendus de notre immeuble, nous stoppons le premier bus venu. Bingo, il nous dépose à la gare où nous prenons de nouveaux billets pour le lendemain en direction de Brasov, et nous récupérons le métro jusqu'au centre. La ville est agréable.

Nous y trouvons de belles églises orthodoxes, quelques beaux monuments comme le Parlement mais aussi, dénotant avec le décor, de nombreux clubs et propositions de massage (un peu moins historique) !

Comme si l'eau nous avait manqué, une belle averse arrosera le chemin du retour heureusement vite sauvé par le trajet en bus ! Décidément, la pluie aura toujours le dernier mot.
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