Gare à la nuit
- EnRouesLibres
- 1 août 2018
- 3 min de lecture
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Jour 111 : Mercredi 1er août
Pour quitter son train-train quotidien, rien de tel que de prendre celui de 3h38. Et oui, en Roumanie, il y en a à tout heure. L'avantage d'un train de nuit, c'est d'arriver le matin surtout quand le trajet dure 7 heures, mais l'inconvénient évident est la gestion du sommeil. Une gare, ce n'est pas comme à l'aéroport ni comme dans un bateau : quelques bancs sans dossiers, et...c'est déjà pas mal ! Mais comment décrire la gare de Sibiu, en cette heure déjà avancée, sans parler de ces habitants ou plutôt voyageurs ? Le calme absolu, ça n'existe pas. Même si le nombre de bancs excède facilement celui des voyageurs, une famille trouve le moyen de s'assoir sur le nôtre et lance la discussion avec Coralie, enchantée. Il est évident qu'un seul moment de répit ne nous sera pas accordé. Anthony se couche sur le sol, au moins on y a la paix.

Puis vient une autre dame curieuse de savoir où nous allons. Deux jeunes, musique à fond sur les portables, font des allers-retours au guichet pour on ne sait quelle raison et continuent leur show en chantant tout haut ! Pendant ce temps, un papi, probablement un peu sourd, semble pris par des crises de folie en se mettant à protester en criant tout seul. Quelle activité pour une heure si avancée ! Anthony, tu dors ? À son tour de prendre le relai dans cette jungle urbaine. Coralie prend sa place sur son lit improvisé. Curieusement, elle trouve le sommeil rapidement et ne verra rien d'autre que l'arrivée du train, la réveillant en sursaut. Vite, préparons nos affaires ! Nous ne sommes pas les seuls fous à embarquer : un couple de cyclotouristes suisses monte aussi dans un wagon qui n'a nulle place spécifique pour les vélos mais finalement assez spacieux pour y entrer aisément tous les vélos. Cette fois-ci, ils ont leur billet. Le contrôleur n'a qu'à bien se tenir ! En Roumanie, être contrôleur n'est pas seulement un métier mais un mode de vie : la cordialité est mise de côté et le service bien oublié. Nous pouvons enfin reprendre notre nuit là où nous l'avions arrêtée. Mais que d'inconfort : jambes tendues ou repliées, tête droite ou penchée, un bras comme ci et l'autre comme ça... Nous nous mettons presque à regretter le sol de la gare. Au petit matin, Coralie persévère pour dormir le plus qu'elle peut (dormir c'est aussi oublier le mal du transport) quand Anthony se met à échanger avec nos collègues de vélo sur nos expériences respectives. Après une nuit plus ou moins agitée, nous arrivons en gare de Timisoara à 10h30. C'est l'heure d'enfourcher nos vélos ! Coralie est rassurée car le vélo, lui, ne donne pas mal au ventre. Mais la journée risque d'être longue.
Nous quittons la ville sans la visiter et après avoir fait quelques provisions sans avoir dépensé toutes nos Lei, nous reprenons la route. Objectif : franchir la frontière serbe...sans s'endormir sur cette route infiniment plate et monotone ! Ça y est, nous apercevons la petite cabine du poste de douane : 1 seule voiture devant nous, 1 douanier au téléphone au loin et...rien d'autre, rien ne semble se passer. La définition d'un passage de frontière, c'est l'attente, l'attente, l'attente éternelle, quel que soit le nombre de véhicules. Enfin, un homme sort de la cabine, papiers en main pour laisser partir la voiture nous précédant. À notre tour ! Ce douanier roumain s'avèrera le plus sympathique de tous. Il réussira à nous faire oublier notre impatience, en échangeant notre passeport contre quelques mots avec nous, impressionné par notre périple. Il faut dire qu'avoir une discussion avec un douanier, en général plutôt stoïque, est très rare ! Nous voilà de l'autre côté de la frontière, en Serbie !
Mais le changement, ce n'est pas pour maintenant : route plate et qui voilà dans le ciel au loin...les nuages noirs, bien sûr ! Nous trouvons refuge dans un champ, juste avant la pluie et bien avant la nuit : l'heure n'est pas celle que nous croyions ! En Serbie, nous retrouvons le fuseau horaire français. Alors, nous avons le temps avant de faire chauffer notre vermicelle !
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